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Sortir de la boucle mentale : la force de l'alliance entre la thérapie et les plantes.

  • Tillia Benoliel
  • 11 août
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 sept.

Qui n’a jamais rejoué une scène en boucle dans sa tête, ressassé un mot de trop ou anticipé le pire avant même que quoi que ce soit n’arrive ? Les pensées ruminantes, ces petites boucles mentales persistantes, peuvent finir par perturber notre équilibre. Dans cet article, Marion et moi vous invitons à explorer ces mécanismes invisibles mais puissants. Nous partageons des clés pour mieux les identifier et comprendre ce qui les alimente, en illustrant notamment des exercices que l’on peut pratiquer en thérapie, ainsi que des usages de plantes connues pour leurs effets bénéfiques sur l’apaisement mental. Un voyage entre psychologie et nature, pour retrouver peu à peu un esprit plus serein.

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Marion Blandin - Phytothérapeute

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Tillia Benoliel - Thérapeute Intégrative


Sommaire :



Il arrive à chacun d’entre nous de ressasser, de tourner en boucle sur une conversation, une situation passée, une erreur, une crainte ou une projection. Mais parfois, ce flux mental se transforme en bourdonnement permanent, une spirale de pensées qui colonise l’attention, grignote le sommeil, alimente l’anxiété et empêche de profiter du moment présent. Ces pensées, que l’on appelle ruminantes, peuvent devenir envahissantes et fortement perturbatrices dans la vie quotidienne.

Il est fondamental de rappeler que ruminer n’est pas le signe que vous n’êtes pas normal, ni que vous avez automatiquement une pathologie : c’est un fonctionnement mental courant, humain, souvent lié à une surcharge émotionnelle ou à une difficulté à lâcher le contrôle.
Bien entendu, il y a des degrés et si vous vivez des ruminations très fortes, permanentes et/ou envahissantes au point de ne plus pouvoir fonctionner dans votre vie, nous vous recommandons de consulter un professionnel de santé (médecin psychiatre, médecin généraliste).

L’approche thérapeutique comme l’approche en phytothérapie ne visent pas à "faire taire" les pensées à tout prix, mais à aider la personne à développer un rapport plus apaisé et autonome face à l'activité mentale, à construire des outils concrets pour ne plus se laisser envahir, à retrouver un vrai espace mental ou penser et non ruminer. Ce que l’une explore dans la parole, la mémoire du corps et le positionnement intérieur, l’autre le soutient dans les rythmes biologiques, les sensations et la régulation physiologique. Les deux approches se complètent et permettent d’offrir un cadre de soin global, respectueux du rythme et des besoins de chacun.

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Que sont les pensées ruminantes ?


Les pensées ruminantes sont des pensées automatiques, persistantes et répétitives, centrées sur un événement négatif passé ou sur une peur de l’avenir, sans qu’aucune solution ne semble se dessiner. On rumine une dispute, une erreur, un moment où l’on s’est senti jugé. Ou bien on anticipe sans fin un scénario catastrophe, un échec potentiel, une situation incontrôlable. Ces pensées peuvent prendre plusieurs formes, voici quelques exemples :

🔸 "J’aurais dû me taire."Après une discussion au travail ou avec un proche par exemple, on rejoue la scène en boucle dans sa tête, en se disant qu’on a sûrement dit quelque chose de déplacé. On regrette, on se critique, on cherche ce qu’on aurait pu dire « mieux ».

🔸 "Je ressens quelque chose, mais je ne sais pas quoi."On se sent tendu·e, agité·e, mal dans sa peau… mais au lieu d’accueillir ces émotions, on les étouffe par des pensées en boucle. On essaie de tout analyser sans jamais vraiment se connecter à ce que l’on ressent profondément.

🔸"Je crois que j’ai blessé quelqu’un."Après un échange banal ou une remarque anodine, on commence à douter, à culpabiliser. On se demande si l’autre ne l’a pas mal pris, et on rumine pendant des heures en imaginant les pires interprétations possibles.

🔸 "Même quand tout est fini, ça ne s’arrête pas dans ma tête."Un événement est passé, une réunion, un rendez-vous, une décision. Mais le mental continue à tourner comme si quelque chose était encore en jeu. On n’arrive pas à relâcher la pression, à passer à autre chose.

 🔸 "Je me parle mal sans même m’en rendre compte."Dès qu’on doute, qu’on rate quelque chose ou qu’on se sent dépassé·e, une petite voix intérieure critique tout ce qu’on fait : "Tu n’y arrives jamais", "Tu n’es pas à la hauteur", "Tu devrais faire plus d’efforts". Ces pensées reviennent sans cesse, même quand on a tout donné.


D’où viennent ces pensées ?


Les causes sont multifactorielles : anxiété chronique, perfectionnisme, traumas non traités, hyperactivité mentale ou encore pression sociale. Mais également un terrain génétique qui favorise l’apparition de symptômes ou encore l’épigénétique ainsi que les facteurs environnementaux.


En somme, les causes peuvent être multiples et s’alimenter les unes les autres.

Concrètement, ce que l’on observe souvent, c’est une incapacité à lâcher prise, souvent associée à des messages contraignants internes, souvent inconscients, hérités de notre éducation ou de nos expériences passées (comme "tu dois toujours mieux faire", "tu ne dois pas échouer", "tu n’as pas le droit de te tromper").

L’approche thérapeutique : un travail sur les pensées, les émotions et le corps

La psychothérapie propose une démarche globale, qui s’intéresse aux trois dimensions essentielles de l’expérience humaine :

  • Les pensées (cognitions)

  • Les émotions

  • Le corps

Ce travail en synergie permet d’identifier les mécanismes à l’œuvre, de comprendre comment ils se sont construits et de mettre en place des outils concrets pour agir sur le moment, lorsque la spirale mentale s’emballe.

L’objectif thérapeutique est de travailler sur les causes racines et les symptômes présents pour changer durablement notre mode de fonctionnement contre-productif vers un état d’être au quotidien serein et bénéfique.


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Analyse Transactionnelle : identifier les schémas automatiques


L’Analyse Transactionnelle (AT) est une approche précieuse pour décrypter les schémas de pensée et de comportement qui se rejouent de manière automatique, en particulier dans les ruminations. Elle permet d’identifier nos mécanismes internes qui alimentent le doute, la culpabilité ou la peur de l’échec souvent hérités de l’environnement dans lequel nous nous sommes construits et des expériences marquantes et/ou répétitives que nous avons vécues.


L’Analyse Transactionnelle permet donc de travailler sur nos éléments déclencheurs qui réactivent la boucle mentale en situation de stress et qui réalimente entre autres des comportements d’hypervigilance relationnelle, d’auto-jugement, de peur constante de mal faire, de décevoir ou d’être rejeté.


Exemple pratique : En séance, nous allons utiliser la carte des déclencheurs pour repérer les contextes ou interactions qui réactivent la boucle mentale. Cela va permettre de les identifier et de mieux comprendre ce qui les alimente pour construire des leviers d’action qui vont permettre de les désamorcer plus tôt.

EMDR : désensibiliser les souvenirs douloureux


L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une méthode scientifiquement reconnue qui utilise des stimulations bilatérales (mouvements oculaires, tapotements alternés) afin de désensibiliser émotionnellement les souvenirs douloureux et de rétablir une lecture plus apaisée de l’expérience vécue. Très efficace lorsque les ruminations sont ancrées dans des traumatismes, l’EMDR permet au cerveau de retraiter l’information, de la digérer et de réduire la charge émotionnelle associée.


Approches psychocorporelles : revenir dans le corps


Les techniques corporelles (respiration consciente, visualisation, relaxation, mouvement libre) permettent de ramener l’attention dans le corps, là où les pensées ont moins de pouvoir. En régulant le système nerveux, elles permettent de ralentir le rythme, d’interrompre la spirale mentale, et de restaurer une sensation de sécurité intérieure qui nous a parfois tant manquée.


Exemple pratiqueEn séance, nous allons pratiquer ensemble un exercice qui combine la respiration consciente (lente, rythmée) avec un mouvement très lent et volontaire de la tête, à gauche puis à droite. L’exercice va agir directement sur le système nerveux autonome conduisant à créer une "cassure" dans la spirale des pensées et une réduction de la charge cognitive.

L’approche de la phytothérapie : soutenir le système nerveux avec les plantes

En complémentarité de l’accompagnement thérapeutique, la phytothérapie propose des outils naturels pour réguler le stress, clarifier l’esprit et soutenir les fonctions corporelles affectées par la rumination.

En phytothérapie, nous avons la chance de pouvoir accompagner à la fois le plan mental, émotionnel et corporel, là où le stress s’inscrit partout à la fois.

Voici quelques exemples de plantes à intégrer, en complément d’un accompagnement pour favoriser le lâcher-prise mental, réguler le système nerveux, et soutenir le corps dans ses manifestations somatiques.


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Apaiser le mental


Lorsque les idées obsessionnelles s’installent, l’esprit semble ne plus pouvoir se mettre sur pause. Les plantes que l’on appelle adaptogènes ou régulatrices nerveuses sont idéales pour soutenir ces phases. Parmi elles : 🔸 Le Basilic sacré (Ocimum sanctum – Tulsi) - Pour lâcher prise

Plante adaptogène précieuse issue de l’Ayurveda, le Basilic sacré agit à la fois sur le mental hyperactif et la fatigue sous-jacente. Il aide à clarifier l’esprit, réduire l’agitation mentale, tout en renforçant le système immunitaire. En tisane ou en extrait alcoolique, c’est une alliée du quotidien pour "se poser". 
Le rituel : prendre 20 gouttes d’extrait alcoolique de Basilic sacré en fin de journée en pleine conscience. Profiter de l’instant pour vous connecter à votre respiration.

🔸 L’Ashwagandha (Withania somnifera) - La régulatrice

Autre grande adaptogène, elle est particulièrement indiquée lorsque le stress entraîne épuisement nerveux, sommeil perturbé et ruminations nocturnes. Elle aide à calmer l’axe cerveau-surrénales et soutient en douceur l’ancrage. A prendre de préférence le soir et le matin si ruminations en journée avec angoisse.

Le rituel : 20 gouttes d’extrait alcoolique d’Ashwagandha ou 1 gélules le soir à partir de 18h00, pour un sommeil apaisé. En cas de troubles de l’humeur, faire de même le matin.

Précautions : déconseillé en cas d’hyperthyroïdie ou en cas de grossesse

Retrouver le sommeil

🔸 Le Pavot de Californie (Eschscholzia) - Arrêter le “petit vélo dans la tête”

Son extrait hydroalcoolique agit en douceur, sans effet d’accoutumance, en favorisant l’endormissement et en apaisant les ruminations du soir. C’est un soutien intéressant pour ceux qui ont du mal à débrancher ou à retrouver un sommeil profond. 

Le rituel : 15-20 gouttes dans une infusion ou un peu d’eau 1 heure avant le coucher.

🔸 Le Lotier corniculé - Le somnifère végétal

Sans provoquer de sédation brutale, il offre un effet calmant profond sur le système nerveux, proche de celui de certains tranquillisants légers — mais sans accoutumance ni effet cotonneux au réveil. 

Le rituel : 15-20 gouttes dans une infusion ou un peu d’eau 15 minutes avant le coucher.

Travailler sur les émotions

🔸 Le White Chestnut (Marronnier blanc) – Fleur de Bach

Cet élixir est parfait pour les situations de crise émotionnelle ou de surcharge. Il n'agit pas sur la cause mais offre un temps de recentrage émotionnel quand tout semble trop. 

Le rituel : 3 gouttes sous la langue 3 fois par jour, cure conseillée de 3 semaines.


Quand le corps parle : la somatisation


Lorsque le stress devient chronique, il finit toujours par s’exprimer par le corps. Deux zones sont particulièrement sensibles : le système digestif et le système cardiovasculaire. 🔸 Le Figuier (Ficus carica – bourgeon) - relier les 2 cerveaux

Incontournable en gemmothérapie (bourgeons de plantes), le bourgeon de Figuier est un harmonisant nerveux et digestif. Il agit en profondeur sur les troubles liés à l’angoisse : nœud à l’estomac, spasmes, reflux, angoisses viscérales. Il est aussi excellent pour les troubles du sommeil d’origine émotionnelle. 

Le rituel : 20 gouttes matin et/ou soir pendant 3 semaines. A renouveler après une pause d’une semaine.

Huiles essentielles : des ancres sensorielles puissantes

🔸 L’Aubépine (Crataegus monogyna - bourgeon) - Plante du coeur

Cette grande dame de l’herboristerie est surnommée la plante du coeur car elle calme les palpitations, oppression thoracique, la boule dans le thorax. Elle agit sur le plan nerveux et cardio-vasculaire. Elle est indiquée chez les personnes qui somatisent beaucoup au niveau cardiaque.

Le rituel : 20 gouttes par jour + 5 gouttes sous la langue en cas de crise d’angoisse.

Les propositions ci-dessus ne sauraient se substituer à un avis médical.

Sortir des pensées ruminantes ne se fait ni en cherchant à faire le vide dans sa tête, ni en modifiant constamment son comportement pour répondre à ce que ces pensées exigent.

 

C’est en apprenant à les observer autrement, sans s’y soumettre ni les fuir, que l’on retrouve progressivement plus d’autonomie.

 

L’approche thérapeutique et l’approche en phytothérapie offrent deux portes d’entrée complémentaires pour agir à la fois sur les causes profondes et sur les symptômes immédiats. Elles donnent à chacun la possibilité de se sentir plus outillé, plus soutenu, et surtout, moins seul face à ses pensées.

Retrouvez Marion sur : https://www.kamomille.com/

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